Examinant la solution du narcissisme (« celle du moi dans son rapport à l’image spéculaire »), et la solution du fantasme (« la fonction du désir dans son rapport au fantasme »), Lacan souligne que « les registres du symbolique […] ne sont pas sans trouver de supports dans la fonction imaginaire », faisant observer pourquoi, dans sa relation symbolique avec l’Autre, la demande n’hésite pas à employer — comme instruments pour son propre compte — des mécanismes fonctionnels provenant de l’imaginaire. Sur le dessin du graphe, le tracé des deux lignes droites horizontales par rapport aux deux lignes courbes de l’acte de parole évoque visuellement la recherche d’un lien direct (en ligne droite) avec le langage, assurant l’immédiateté de la relation sans passer par les détours du verbe.
Le narcissisme et le fantasme peuvent avoir recours à des processus fournissant des solutions de l’ordre de la globalité du signe, et ne nécessitent pas obligatoirement le support d’interactions sociales — alors que l’énoncé et l’énonciation portent la chaîne signifiante d’un acte de parole impliquant un échange social réciproque.
L’étage du narcissisme et celui du fantasme consacrent une revanche de la fonction imaginaire. En effet, en s’offrant des escapades sur les sentiers de l’imaginaire, le sujet échappe aux chicanes de l’ordre symbolique, et peut musarder en grappillant des fragments de significations instantanées. On parle de court-circuit pour mettre en valeur le rôle joué dans ces deux solutions par la satisfaction immédiate.
Chaque niveau en court-circuit fraie un raccourci fonctionnant de façon complémentaire avec l’étage de parole qui le surplombe immédiatement. Ainsi, le narcissisme s’associe à l’énoncé pour la représentation du corps, tandis que le fantasme s’associe à l’énonciation dans la relation au désir.
Références
Séminaire 16 : [page 269] Dans les intervalles laissés par les deux lignes, qui sont respectivement celles de l’énonciation et de l’énoncé, s’inscrivent sur la ligne en hameçon les formations imaginaires, nommément la fonction du désir dans son rapport au fantasme, et celle du moi dans son rapport à l’image spéculaire. C’est dire que les registres du symbolique, pour autant qu’ils s’inscrivent sur les deux lignes horizontales, ne sont pas sans trouver de supports dans la fonction imaginaire.