Sublimation et refoulement sont deux termes du langage courant. Le sublime qualifie ce qui est placé très haut dans la hiérarchie des valeurs, ce qu’il y a de plus élevé, ce qui suscite l’admiration ; grâce aux connotations de sens, le sublime correspond à l’énonciation dans le graphe du désir. À l’inverse, le refoulement dénote l’action de rejeter ou d’exclure.
Notre modèle développe une approche basée sur la structure du langage dans laquelle la sublimation et le refoulement se manifestent comme processus de l’inconscient : ils utilisent les mécanismes du langage pour manipuler les chaînes signifiantes, et intervenir ainsi dans l’inter-signifiance.
Sublimation
La sublimation est un processus qui force l’énonciation. En saisissant à la surface du grand Autre des signifiants pouvant sublimer l’énoncé — c’est-à-dire susciter l’admiration ou bien s’élever dans la hiérarchie des valeurs —, et en les greffant métaphoriquement dans les chaînes signifiantes, la sublimation transforme la voix de l’énoncé en voix de l’énonciation.
Sur le plan social de l’inter-signifiance, quand les signifiants représentent des sujets pour d’autres signifiants, la sublimation devient un instrument de la séparation : elle permet de s’affirmer par énonciation, et produit une « valorisation sociale » — dans le sens courant du mot sublimation.
Refoulement
Au contraire, le refoulement s’oppose au désir qui est désir d’énonciation. Il fait obstacle à l’énonciation ou à la sublimation en masquant ou bien en substituant les signifiants de l’énonciation, parvenant ainsi à les « censurer » — non pas dans un sens moral, mais dans le sens de les rendre inopérants.
« Travail créateur de la sublimation »
Références
Séminaire 6 : [séance du 01/07/1959] [La] sublimation, qui est quelque chose qui, dans sa nature, dans ses produits, est distinct de la valorisation sociale qui lui est donnée ultérieurement […] Sublimation comme telle, c’est-à-dire au niveau du sujet logique, et ce, où se déroule, où s’instaure, où s’institue tout ce travail qui est à proprement parler le travail créateur dans l’ordre du logos.
Séminaire 14 : [séance du 08/03/1967] Quelle qu’elle soit […] l’œuvre de sublimation n’est pas du tout forcément l’œuvre d’art. Elle peut être bien d’autres choses encore, y compris ce que je suis en train de faire ici avec vous, qui n’a rien à faire avec l’œuvre d’art.
Séminaire 6 : [séance du 03/12/1958] Alors l’issue offerte […] est de censurer cette vérité du désir […] parce que là [dans cette censure] c’est le procès de l’énonciation qui est visé, et que pour l’empêcher, quelque pré connaissance du procès de l’énoncé est nécessaire […]
Séminaire 6 : [séance du 03/12/1958] […] lorsque le refoulement s’introduit, il est absolument nécessaire que le sujet s’efface et disparaisse au niveau du procès de l’énonciation.
Séminaire 6 : [séance du 03/12/1958] […] le refoulement […] ne peut s’articuler autrement que comme quelque chose portant sur le signifiant.