Sens, signification, connotation

Les mécanismes du langage désignent les fonctions de combinatoire s’appliquant aux signifiants, et permettant de remplacer des signifiants par d’autres signifiants. Les mécanismes du langage sont la métaphore et la métonymie, qui s’amorcent l’une et l’autre à partir des accents de la connotation.

Bien que le sujet humain soit inconscient de son aliénation à la structure signifiante, cette dépendance permanente lui procure les mécanismes du langage.

Sens et signification

Généralement, les deux termes de sens et de signification sont à peu près synonymes. Par contre, notre modèle emploie le terme de signification avec une acception plus spécifique : la notion de signification se limite à la signification lexicale, c’est-à-dire à la définition fournie par des répertoires de mots — qualifiés, selon l’échelle, d’index, de tables associatives, de lexiques, de vocabulaires, de dictionnaires, ou d’ontologies. Cette signification dérive de la fonction de dénotation du signifiant.

Mais en réalité, pour enrichir la production de sens, le style poétique ou bien l’éloquence de la parole ont volontairement recours à des procédés plus élaborés que la correspondance dénotative. La connotation amplifie la signification en ajoutant de multiples tonalités de sens supplémentaires. Par ailleurs, la métaphore et la métonymie échappent aux réductions des lexiques et combinent les signifiants flottant à la surface du langage, faisant naître ainsi de nouveaux sens par rapport aux significations qui auraient pu être données séparément aux signifiants entrant en jeu.

Il s’ensuit que la notion de sens élargit la notion de signification, ainsi que cela apparaît dans la phrase de Lacan : « D’où l’on peut dire que c’est dans la chaîne du signifiant que le sens insiste, mais qu’aucun des éléments de la chaîne ne consiste dans la signification dont il est capable au moment même. » (L’instance de la lettre dans l’inconscient, Écrits, page 502.)

Dénotation

La dénotation énonce une étiquette fournissant une signification lexicale.

Connotation

La connotation évoque ou suggère un assortiment de nuances de sens venant s’adjoindre à la signification. Par exemple, les termes : « voyage, balade, promenade, randonnée, croisière, exode, expédition, raid, errance, vagabondage, exploration, pèlerinage, déplacement, … » sont cités ensemble par les dictionnaires de synonymes. Ils ont tous le même sens dénotatif associé au terme le plus neutre : « voyage ». En revanche, ils sont porteurs d’intonations connotatives différentes : un exode n’est pas une balade, et une croisière n’est pas une errance.

Le sens connotatif éveille le germe des associations combinatoires entre signifiants, donnant accès à la métaphore et à la métonymie.

Effet performatif

L’effet performatif est le résultat de formes verbales associant à la parole la volonté d’un acte : « je promets, j’ordonne, je jure, je dois, il faut, etc. ». Le surmoi, les lois, ou la magie, se situent sur ce versant performatif. Dans la liste ci-dessus, des termes comme « exode, pèlerinage, exploration, ou raid » sont porteurs d’une connotation performative. Partir en pèlerinage ou en exploration sous-entend un acte moins neutre que partir en promenade, et impose une tâche de préparation du voyage.

Mécanismes basiques  du langage: dénotation, connotation, et effet performatif

Dénotation, connotation, et effet performatif

Références

Séminaire 12 : [séance du 02/12/1964] […] il y a deux usages du signifiant par rapport au référent : l’usage de dénotation comparable à une correspondance qui se voudrait biunivoque […] et une connotation […] en quoi un signifiant peut servir à introduire […] le concept.

Séminaire 16 : [page 190] Ceux-ci [les néo-positivistes] croient devoir interroger le langage sous l’angle de ce qu’ils expriment d’une façon exemplaire sous la forme du meaning of meaning, la question mise sur ce qu’il en est du sens, de ce que les choses aient une signification. J’ai fait remarquer en son temps combien futile doit être la destinée de cette tentative, et que c’est là une voie tout opposée à celle qui nous intéresse.

Séminaire 18 : [séance du 20/01/1971] […] je ne suis pas nominaliste, je veux dire que je ne pars pas de ceci que le nom c’est quelque chose qui se plaque comme ça, sur du réel.

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