LACAN sans le divan

Champ de marguerites

Bonjour à tous,

J’ai créé ce groupe sur LinkedIn pour présenter et expliquer un modèle inédit du psychisme humain, ainsi que pour pouvoir en discuter avec toutes les personnes intéressées par le thème des relations sociales : simples observateurs du quotidien de l’existence humaine, ou bien professionnels du domaine (psychologues, sociologues, psychanalystes, …).

Ce modèle est « inédit » parce qu’il aborde la question des relations sociales d’un point de vue algébrique et algorithmique totalement différent de l’approche dominante de la psychanalyse classique.

Tout d’abord, je dois dire que pour construire ce modèle, je me suis inspiré des discours de Jacques Lacan (psychiatre et psychanalyste français, 1901-1981) : les Écrits, les Séminaires, et quelques autres textes.

D’où le titre du groupe : « LACAN sans le divan », pour déclarer explicitement que le schéma que je développe se déduit presque intégralement des énoncés de Lacan, mais que cela n’a pourtant strictement rien à voir avec la psychanalyse freudienne, symbolisée par le « divan » considéré comme une sorte d’emblème de la pratique orthodoxe.

Bien entendu, « on » n’a pas manqué de me faire des objections sur ma position de rupture. Il y aura encore des critiques à ce sujet (en résumé, par avance, « pourquoi s’opposer à des pratiques conventionnelles, tout en se référant à Lacan qui était psychanalyste, et n’a pas cessé de proclamer que son propre discours était une « relecture de Freud » ?). C’est volontiers que je répondrai.

En fait, et c’est là le plus important, la première réponse tient au personnage de Lacan lui-même, qui était à la fois très cultivé et très éclectique dans ses paroles et dans son comportement.

Quelques exemples :

  • respectant la règle de la « psychanalyse didactique » (rite inventé on ne sait pourquoi et imposé autoritairement par Freud), Lacan a fait celle-ci avec Rudolph Loewenstein, mais il s’est ensuite violemment opposé à l’« Ego psychology » inventée par Kris, Hartmann et Loewenstein ;
  • au cours de ses Séminaires, il a souvent rompu le fil clinique en s’emparant de façon soudaine et fantasque d’idées inattendues qu’il a poursuivies pendant plusieurs séances : Hamlet, le théâtre de Paul Claudel, la topologie, la théorie des tores, les multiples théories des nœuds, etc.
  • dans le cadre de sa « relecture » de Freud, il a souvent attribué à celui-ci des découvertes géniales sur le psychisme, alors que Freud, obéissant au scientisme dominant de son époque, avait seulement élaboré des analogies entre le fonctionnement psychique et les avancées dans des sciences comme la mécanique ou la thermodynamique. Lacan a quand même fait volte-face le 26 février 1977 en précisant : « Freud n’avait pas la moindre idée de ce que Lacan s’est trouvé jaspiner », après avoir déclaré le même jour : « notre pratique est une escroquerie. »

Très schématiquement, on pourrait distinguer trois étapes dans la vie de Lacan :

  • tout d’abord un jeune psychiatre extrêmement intelligent se construisant une personnalité publique en fréquentant les milieux intellectuels et artistiques ;
  • ensuite, après la création de son École (et diverses ruptures !) un maître excentrique parlant chaque semaine en public devant une audience de plus en plus importante et de plus en plus fascinée. Et en même temps, un psychanalyste s’enrichissant copieusement en pratiquant des séances de manière « insolite » ;
  • enfin, affaibli en fin de vie par des AVC, un personnage ressassant sa théorie des nœuds, mais déclarant aussi avec une étonnante lucidité : « Je parle sans le moindre espoir – de me faire entendre notamment. »

Comme on le voit en lisant Lacan, son œuvre est passionnante, pleine de péripéties, d’épisodes brillants, et de démonstrations de sa vaste culture sur une large variété de sujets divers. Mais elle est aussi trop disséminée, et il devient difficile d’en dégager un fil unificateur axé sur le psychisme.

Pourtant un tel fil existe. C’est celui-ci : « le signifiant est ce qui représente le sujet pour un autre signifiant ». L’expression est souvent répétée, mais sans emphase, comme une banale évidence, jusqu’à ce que Lacan fasse enfin la démarche de s’en attribuer explicitement la paternité le 10 novembre 1967 : « cette formule qui après tout mérite que je l’aie un tant soit peu serinée, ne serait-ce que parce qu’on peut dire que personne ne l’a donnée avant moi. »

Le modèle que je propose a été construit à partir du postulat de Lacan sur le signifiant (et en m’appropriant uniquement cette partie de la théorie lacanienne) pour relier la suite de ses textes de façon logique afin d’ériger un système cohérent. De nombreuses citations permettent de valider ce travail d’unification. Le résultat est un modèle théorique que j’ai décrit dans un premier livre en 2009 : « La psychanalyse décrite en UML », puis dans deux livres numériques sur Kindle : « Énonciation de l’inconscient » et « Langage et psychisme », et enfin par ce site conçu sous forme de blog pour que chacun puisse déposer des commentaires.

Le but de ce groupe sera de discuter de façon interactive, à la fois critique et constructive, afin de valider ensemble ce modèle par rapport aux observations cliniques, et pour construire de nouvelles approches innovantes dans les domaines des psychothérapies et de la sociologie. Mais aussi pour aider la compréhension des étudiants s’interrogeant face à l’œuvre de Lacan, et pour aider chacun dans ses relations sociales de la vie quotidienne.

Je ne cherche pas un profit financier. Mes sites sont publics, et mes livres numériques sont vendus au prix minimal, c’est-à-dire sans bénéfice pour moi-même.

Je ne cherche pas non plus la gloire. J’ai mené une carrière ordinaire d’ingénieur informaticien, avec cependant des moments extraordinaires quand j’enseignais la conception orientée objet, le langage Java, l’architecture des systèmes logiciels, ou bien les « Design Patterns », mais aussi des moments banalement routiniers. Néanmoins, c’est cette pratique de la conception et de l’architecture qui m’a permis de comprendre Lacan et de le reformuler.

Pour commencer, on définit une structure comme un ensemble d’éléments et l’ensemble des relations qui les relient. Dans la théorie lacanienne, le langage est une structure, c’est-à-dire un ensemble de signifiants et l’ensemble le leurs relations, par exemple la métaphore et la métonymie. Lacan postule que les sujets sont représentés par des signifiants, et que l’on peut donc modéliser leurs relations à la façon des relations entre signifiants. À partir de là, on peut bâtir un modèle des interactions sociales, pathologiques ou non, et ce sera le thème des discussions de ce groupe.

Il reste une question qu’il ne faut pas sous-estimer : celle de l’emploi des termes « langage » et « signifiant ». Ce sont les termes utilisés par Lacan , et ce sont eux que j’ai automatiquement adoptés à sa suite, jusqu’à ce que je me rende compte que le terme de « langage » est toujours entendu avec son sens habituel pour tout le monde, et non pas avec le sens restreint que lui attribue le modèle lacanien en tant que « structure mathématique ». De même, le « signifiant » est toujours entendu avec le sens que lui donne la linguistique, et non pas en tant que simple élément destiné à représenter un sujet dans des relations sociales. En fait, je ne parle pas du langage et je ne fais pas de linguistique ; lorsque Lacan s’est aperçu du problème, il l’a réglé en déclarant qu’il faisait de la « linguisterie ». J’ai proposé le « lalala » et les « fifis ». Dites-moi ce que vous en pensez.

À bientôt sur « LACAN sans le divan ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *