Dans la notation de Lacan, le fantasme est formalisé par le face-à-face entre le sujet barré et l’objet petit a. Le losange — que Lacan appelle le poinçon — indique à la fois le rapport conjonction/disjonction, inclusion/exclusion, ainsi que la mise en face-à-face ou bien le conflit :
Agissant comme une tentative d’opération inverse de la division signifiante, le fantasme oppose et réunit les deux parties constituant le sujet : le sujet barré et l’objet petit a, le quotient et le reste de la division signifiante. De même que la structure de l’angoisse, la « logique du fantasme » exprime la logique humaine, c’est-à-dire la question du rapport du sujet au corps.
Sur le dessin du graphe, le désir est relié au fantasme par une association en court-circuit au moment où la demande, faisant route de l’énoncé s (A) vers l’énonciation S (A barré), franchit la « béance » de l’immense étendue qui sépare ces deux réponses — territoire dans lequel elle se propage enfin vers l’énonciation. Le désir vise l’énonciation ; néanmoins, en accompagnant l’ascension de la demande, il rencontre d’abord le raccourci du fantasme qui se présente comme une solution en forme d’échappatoire avec laquelle il est volontiers tenté de se laisser séduire par l’aubaine de plaisirs immédiats.
Concrètement, la solution du fantasme met en scène « un scénario symbolique dans lequel le sujet occupe le rôle principal », et les autres jouent des rôles secondaires et subordonnés.
Court-circuit du fantasme
Références
Séminaire 12 : [séance du 10/03/1965] […] le poinçon = conjonction/ disjonction, inclusion/exclusion […]
Séminaire 5 : [pages 408-409] Comment pouvons-nous articuler les fonctions imaginaires essentielles […], celles du fantasme ? […] Le fantasme, nous le définirons […] comme l’imaginaire pris dans un certain usage de signifiant […] quelque chose que non seulement le sujet articule en un scénario, mais où le sujet se met lui-même en jeu.
Séminaire 6 : [séance du 07/01/1959] […] le rapport du désir au fantasme s’exprime ici dans ce champ intermédiaire entre les deux lignes structurales de toute énonciation signifiante.
Séminaire 6 : [séance du 20/05/1959] […] le surgissement de ce quelque chose que nous appelons petit a, petit a en tant qu’il est l’objet, l’objet du désir sans doute, et non pas pour autant que cet objet du désir se coapterait directement par rapport au désir, mais pour autant que cet objet entre en jeu dans un complexe que nous appelons le fantasme […]
Séminaire 12 : [séance du 16/06/1965] Car le fantasme, ce n’est pas autre chose que cette conjonction de l’Entzweiung [division, scission, rupture] du sujet avec le petit a, grâce à quoi une fallacieuse complétude vient à recouvrir ce qu’il en est de l’impossible du réel. Le caractère de couverture qu’a le fantasme par rapport au réel ne peut pas, ne doit pas s’articuler autrement.