« Le petit a n’est pas formulable »
Dans le modèle lacanien, le stade du miroir introduit la notion d’une image spéculaire en tant qu’image pouvant être analysée et décrite avec le langage.
Hélas, quoiqu’il soit arithmétiquement issu de la castration opérée par le grand Autre, l’objet petit a « résiste à la fonction signifiante ». Par conséquent, ne pouvant pas s’énoncer avec des signifiants, le petit a n’est pas formulable et n’a pas d’« image spéculaire » comme au stade du miroir. Non spéculaire, il apparaît comme « image de rien ».
L’énonciation de l’objet petit a devrait être de l’ordre de la rencontre. Le désir de cette énonciation impossible — ou plutôt contingente — s’insinue dans la demande de sens exprimée par le sujet barré, pourtant ce dernier demeure dans l’angoisse parce que la formulation de l’objet petit a lui échappe : « les mots y manquent ».
Substance du sujet
L’objet petit a constitue la « substance » du sujet, son corps vivant, sa « livre de chair ». Il détient une valeur intrinsèque, celle du signifié, tandis que le sujet barré, embarqué dans l’enchevêtrement des signifiants, s’alanguirait sans substance s’il était seul.
L’objet petit a est « image de rien »
Références
Séminaire 6 : [séance du 20/05/1959] […] le réel du sujet n’est pas à concevoir comme le corrélatif d’une connaissance.
Séminaire 10 : [page 51] le petit a, qui est ce reste, ce résidu, cet objet dont le statut échappe au statut de l’objet dérivé de l’image spéculaire, c’est-à-dire aux lois de l’esthétique transcendantale.
Séminaire 10 : [page 204] il [le petit a] est justement ce qui résiste à toute assimilation à la fonction du signifiant, et c’est bien pour cela qu’il symbolise ce qui, dans la sphère du signifiant, se présente toujours comme perdu, ce qui se perd à la signifiantisation.
Séminaire 13 : [séance du 19/01/1966] […] l’image ne reflète rien […] le petit a n’est pas spéculaire […] une image de rien.
Séminaire 14 : [séance du 24/05/1967] […] je l’ai appelé petit a, c’est à savoir votre substance, votre substance de sujet, pour autant que, comme sujet, vous n’en avez aucune, sinon cet objet chu de l’inscription signifiante […]
