La métaphore et la métonymie sont deux mécanismes d’association de signifiants pour générer du sens.
Métaphore
La métaphore associe ou substitue des termes appartenant dans le monde réel à des domaines de sens souvent éloignés conceptuellement, voire même totalement disjoints.
La métaphore produit un sens inédit et imprévu, par rebond d’un paquetage de sens vers un autre paquetage de sens. De nombreux exemples simples abondent dans les expressions courantes, comme la formule familière : « la lumière de la raison » où les sentiments raisonnables sont dotés d’un pouvoir lumineux. De même, la phrase suivante évoque une personnalisation de la législature … pour la déclarer muette : « en ce moment de folie, les lois se taisent » (Marquis de Ferrières, 19 juillet 1791), tandis que celle-ci au contraire gratifie les astres des fantaisies de la conversation : « les étoiles entre elles ne parlent que de toi » (Francis Cabrel).
La substitution métaphorique s’applique de signifiant à signifiant, ce qui engendre du sens par le processus de « pas de sens » — que Lacan formule en tirant parti de l’ambiguïté du « pas », pouvant vouloir dire aussi bien une foulée en avant que le non-sens.
Dans l’inconscient, la métaphore constitue le mécanisme attitré de l’énonciation.
Métonymie
La métonymie a recours à des combinaisons de termes ayant déjà entre eux un rapport de voisinage d’un point de vue conceptuel. Elle s’effectue par passage d’un signifiant à un autre dans un même domaine de sens. Il s’ensuit généralement un gain explicatif, mais pas forcément un sens insolite. Un exemple classique est l’expression « boire un verre », remplaçant le contenu par le contenant.
Dans les discours ordinaires ainsi qu’en littérature, la métonymie est plus banale que la métaphore : en fonctionnant par voisinages au sein d’un paquetage de sens, elle ne produit pas systématiquement des effets d’étonnement. Par contre, la métonymie occupe une place primordiale dans le fonctionnement de l’inconscient.
Ainsi que le montre la figure suivante, la métonymie s’exprime dans un espace restreint en se déplaçant à l’intérieur d’un enclos borné, alors que la métaphore s’ouvre à des sens inattendus en prenant la liberté de franchir les palissades des jardins.
« Pas » de sens
Références
Écrits : [pages 799-800] […] la métaphore et la métonymie, autrement dit les effets de substitution et de combinaison du signifiant dans les dimensions respectivement synchronique et diachronique où ils apparaissent dans le discours.
Séminaire 12 : [séance du 09/12/1964] le sens — c’est là ma référence radicale — est […] à caractériser dans un ordre qui est communicable certes, mais non codifiable dans les modes actuellement reçus de la communication […] un « pas de sens » c’est le terme dont je me suis servi à propos du Witz jouant sur l’ambiguïté du mot « pas » négation, au mot « pas » franchissement.