Le désir est porté par la demande — qui est la métaphore de la relation inter-signifiante du sujet. Il apparaît dans les deux étages supérieurs du graphe : le fantasme et l’énonciation, c’est-à-dire au-delà de l’énoncé s (A) qui pourrait suffire à contenter la demande si celle-ci se limitait à n’envelopper que des besoins.
Soit le désir s’investit en court-circuit dans le fantasme, soit il se glisse dans le lien social « entre les mots ou les lignes » — Lacan le désigne en tant qu’inter-dit : ce qui du langage ne peut pas s’articuler directement au moyen du vocabulaire. N’étant pas aisément ni totalement exprimable avec des mots, il se manifeste couramment sous forme de libido dans les parties érogènes du corps que sont les substituts de l’objet petit a servant à formuler la demande.
Le désir s’enracine au cœur des mécanismes langagiers de l’inconscient ; il s’infiltre dans toutes les formes du transfert, mais il n’est cependant « jamais dévoilé » ni « démasqué » comme on aurait pu naïvement le croire à propos de la cure analytique.
Le désir ne s’arrête jamais ! Il subsiste de façon indestructible pendant la vie de l’homme.
« Voir Naples, et mourir »
Références
Séminaire 2 : [page 246] […] il n’y a pas une seule analyse qui aboutisse à la formulation d’un désir. Le désir n’est jamais là, en fin de compte, dévoilé.
Séminaire 5 : [page 313] À tout jamais, le désir humain restera irréductible à aucune réduction et adaptation. Aucune expérience analytique n’ira là contre.
Séminaire 6 : [séance du 12/11/1958] […] le transfert nécessite d’être défini par autre chose que par des références […] à la notion positive ou négative d’affectivité […] la situation de désir est profondément marquée, arrimée, rivée à une certaine fonction du langage, à un certain rapport du sujet avec le signifiant […] comprendre plus profondément à la fin la nature de la création poétique dans ses rapports avec le désir.
Séminaire 7 : [page 363] La morale du pouvoir, du service des biens, c’est — Pour les désirs, vous repasserez. Qu’ils attendent.
Séminaire 14 : [séance du 21/06/1967] […] même si la demande est satisfaite sur le plan du besoin qui l’a suscitée, il est de la nature de la demande parce qu’elle a été langagière d’engendrer cette faille du désir qui vient de ce qu’elle est demande articulée et qui fait qu’il y a quelque chose de déplacé, qui rend l’objet de la demande impropre à satisfaire le désir.
Séminaire 16 : [page 84] C’est en tant que le champ de l’Autre n’est pas consistant que l’énonciation prend la tournure de la demande […]