Selon notre modèle, la pulsion est une instance de l’ordre symbolique, ce qui la différencie clairement de l’instinct. La pulsion répète la demande, alors que l’instinct est un phénomène naturel visant la satisfaction des besoins vitaux.
Dans le graphe du désir, « au coin en haut et à droite », lorsque la demande s’épuise pour atteindre l’énonciation, Lacan a placé la relation conjonction/disjonction entre le sujet barré et la demande, qu’il appelle la pulsion, et qui pousse la demande portant le désir.
La notation lacanienne de la pulsion est la suivante :
Culminant au sommet du graphe, l’énonciation représente le but du sujet dans son désir. Ce « désir d’énonciation », le sujet en confie le rôle de support symbolique à la demande, et la pulsion vient alors représenter le rapport de confiance parfois ambigu qui s’installe de ce fait entre le sujet barré et la demande. La pulsion s’apprête à pallier à la faillite plausible de la demande quand celle-ci peinera dans son ascension ; à terme, quitte à choisir le « court-circuit » du fantasme, la pulsion se substituera à la demande.
La pulsion freudienne est dotée de quatre attributs : la poussée, le but, la source, et l’objet. Si nous appliquons ces attributs dans notre modèle où la pulsion soutient la demande, la poussée (la « constance » du désir) et le but (l’énonciation) se situent, avec la pulsion elle-même, du côté du signifiant.
Par contre, la source et l’objet résident du côté de l’objet petit a et du corps, donc du côté du signifié, et expriment ainsi les références organiques de la pulsion. La source de la pulsion provient de l’interrogation sur la nature réelle de l’objet petit a, c’est-à-dire la question du désir. L’objet de la pulsion attache celle-ci aux zones érogènes du corps, en l’instanciant par le biais des substituts de l’objet petit a qui servent à formuler la demande.
Caractère symbolique de la pulsion
Références
Pulsions et destins des pulsions : Par poussée d’une pulsion on entend le facteur moteur de celle-ci.
Pulsions et destins des pulsions : Le but d’une pulsion est toujours la satisfaction […] différents buts, plus proches ou intermédiaires, peuvent s’offrir pour une pulsion ; ces buts se combinent ou s’échangent les uns avec les autres.
Pulsions et destins des pulsions : L’objet de la pulsion est ce en quoi ou par quoi la pulsion peut atteindre son but. Il est ce qu’il y a de plus variable dans la pulsion, il ne lui est pas originairement lié.
Pulsions et destins des pulsions : Par source de la pulsion, on entend le processus somatique qui est localisé dans un organe ou une partie du corps et dont l’excitation est représentée dans la vie psychique par la pulsion.
Séminaire 10 : [page 304] […] la structure de la pulsion comme étant supportée par la formule [sujet barré – poinçon – demande], soit le rapport du désir à la demande.
Séminaire 11 : [page 150] La constance de la poussée interdit toute assimilation de la pulsion à une fonction biologique, laquelle a toujours un rythme.
Séminaire 11 : [page 151] La sublimation n’en est pas moins la satisfaction de la pulsion, et cela sans refoulement.
Séminaire 13 : [séance du 23/03/1966] […] la formule qui est au coin en haut et à droite de mon graphe […] (S barré dans son rapport à la demande) à savoir que c’est précisément là que s’accroche la division du sujet.
Séminaire 23 : [séance du 18/11/1975] […] les pulsions c’est l’écho dans le corps du fait qu’il y a un dire. Mais que ce dire, pour qu’il résonne […] il faut que le corps y soit sensible.
