En médecine, un symptôme est un signe clinique observé par un praticien, ou bien articulé par un patient sous la forme d’une plainte. Un symptôme s’insère comme élément dans un diagnostic, mais, en général, un seul symptôme ne suffit pas pour établir un diagnostic valide à coup sûr.
Dans le domaine du psychisme, un symptôme s’organise souvent en tant que souffrance, mais il peut aussi fournir un support permettant à un sujet de tenir et d’avancer, ou même se révéler une source de satisfaction. Un symptôme se présente par exemple comme un comportement phobique, une conduite obsessionnelle, ou bien des tics dans la vie sociale. De même qu’en médecine, un symptôme psychique est perçu globalement à la façon d’un signe, c’est-à-dire qu’il a du sens pour celui qui sait le comprendre. Les divers textes de Lacan montrent une position hétéroclite et oscillante sur le symptôme, sans doute à la fois médicale, freudienne, et philosophique : en vrac, jeu de signifiants, signification, langage, métaphore, jouissance, signe de vérité, vérité, signifié, énigme du réel, nouage de la structure, etc.
Hors du langage médical ou psychologique, un symptôme est un signe, un indice donnant des informations sur des pensées, des sentiments, ou des événements.
Signe de la relation du sujet au langage
Étant donné que les symptômes psychologiques sont classifiés dans des répertoires universellement connus (de même que les symptômes de la médecine), il s’avère commode de manipuler un symptôme directement à l’exemple d’un signe — lié au rapport avec le langage. Dans cette optique, notre modèle décrit le symptôme en tant que signe de la relation du sujet au langage — c’est-à-dire en tant que « signe psychique » exprimé par un sujet relativement à diverses solutions d’inter-signifiance, signe qui se constitue au moyen de l’assemblage de signifiants provenant des réponses à la demande aux différents niveaux du graphe du désir.
Les symptômes naissent à partir d’agrégats de chaînes signifiantes, et sont des compositions résultant du travail langagier de l’inconscient. Ils accompagnent de leur refrain persistant la vie quotidienne du sujet, et participent à ériger l’identité de celui-ci dans l’inter-signifiance. L’accumulation progressive des symptômes édifie la personnalité des individus.
Un symptôme ne se montre pas forcément pathologique d’emblée ; il le devient progressivement par enkystement au cours du temps. Formé par la réunion de réponses à la demande, un symptôme a fréquemment un aspect polymorphe : il peut surgir dans la parole, ou bien s’afficher dans le comportement, ou bien les deux simultanément. Des réponses décalées, discordantes, ou inadéquates, peuvent souvent produire des symptômes de souffrance.
Symptôme psychotique
Dans le cas des psychoses, il y a forclusion de la structure du grand Autre, ce qui implique une autre logique de relation avec le langage. Alors que l’architecture du graphe devient invalide et que le délire remplace la demande, les symptômes s’immiscent dans les chaînes du délire et se manifestent dans un rapport avec les mots où le signifiant adhère au signifié. Les symptômes psychotiques sont des signes psychiques pathologiques, soigneusement répertoriés par la psychiatrie.
Lecture du symptôme
Références
Séminaire 2 : [page 368] Parce que le symptôme est en lui-même, et de bout en bout, signification, c’est-à-dire vérité, vérité mise en forme. Il se distingue de l’indice naturel par ceci qu’il est déjà structuré […] [par] le jeu de signifiants.
Séminaire 5 : [pages 465-466] […] un symptôme c’est une signification, c’est un signifié […] Mais ce que Freud nous a appris aussi, c’est que le symptôme n’est jamais simple, qu’il est toujours surdéterminé.
Séminaire 20 : [page 48] Le signe n’est donc pas le signe de quelque chose, mais d’un effet qui est ce qui se suppose en tant que tel d’un fonctionnement du signifiant.
